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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2015-01-27 | [この作品をこのようにご覧ください francais] | 次の方が提供されました Guy Rancourt I Quand le soleil est bas sur l’horizon des blés Et que les moissonneurs aux fermes sont allés, De pâles enfants blonds, troupe lente, craintive, Vont errer dans les champs à cette heure tardive. Courbés vers les sillons sans relever les yeux, Pour retrouver l’épi du faucheur oublieux, Pas à pas, égarés dans le doux crépuscule, Qui par pitié pour eux se prolonge et recule, Mendiant à la terre un reste de ses dons, Les glaneurs de blés mûrs passent dans les sillons. On leur a dit : « Voici le soir, les glés sont vides, Plus de faucheurs cruels ni de maîtres avides, Le superflu du riche, hélas ! est notre pain. Allez, aux innocents Dieu donne à pleine main. » Et les petits glaneurs glissent le long des haies -Où les abeilles d’or butinent sur les baies - Sont entrés dans les champs, silencieux, épars ; Mais les oiseaux du ciel ont emporté leurs parts, Les vents ont balayé bien loin dans leurs vertiges Les grains abandonnés, les épis et les tiges… Ainsi que des voleurs, furtivement, sans bruit, Mains vides les enfants s’aveuglent dans la nuit. Quand le dernier rayon s’éteint sur leur paupière, Quand il fait noir, quand il fait froid, quand il fait faim, Ils vont las et brisés retrouver leur chaumière Et se disent entre eux : « Nous reviendrons demain. » II Quand je les vois rentrer le soir à la nuit close, Pauvres petits glaneurs ! – glaner est triste chose – Je songe qu’ici-bas au sillon du bonheur Comme un enfant perdu se désole mon cœur… J’entends les moissonneurs chanter, l’âme assouvie, Et moi je cherche en vain dans les champs de la vie Les restes de la Foi, les restes de l’Amour… Mais je ne trouve rien. – Voici la fin du jour, L’espoir, ce grand soleil, a voilé tous ses charmes, Mes yeux sont obscurcis sous les ombres des larmes, Hélas ! de la moisson ils ne m’ont rien laissé ! Glaneur, il est trop tard, ton corps est trop lassé ! Surbiton-Hill, juin 1902 (Jeanne Neis Nabert, alias Sijenna, Humble moisson, 1903, pp. 50-51)
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